mercredi 6 mai 2020

“The End of our World” ♦ Chapitre 8


 Proserpine avait attendu à la sortie du terrain, mais il n'était pas venu.
 Elle avait dépassé la foule en courant pour être sûre de ne pas le rater mais tout ce qu'elle avait vu, c'était une équipe de Serdaigle euphorique rejoindre le château avec les autres élèves. Puis, d'interminables minutes plus tard, une équipe de Serpentard dont la mauvaise humeur formait des flaques de boue sous leurs pieds. La pluie s'était intensifiée en à peine quelques minutes et Proserpine se tenait désormais sous une pluie diluvienne à attendre qu'il apparût miraculeusement.
 Mais il ne venait pas. Toute son équipe était passée, sauf lui. Elle l'avait peut-être manqué. Il aurait très bien pu se mêler à la foule de spectateurs sans qu'elle le remarquât. Proserpine se dirigea vers le château à son tour et entendit des éclats de voix. Il y avait un attroupement près des portes d'entrées et elle joua des coudes pour rejoindre Martha Gardner, adossée à un mur. Elle n'eut aucun mal à comprendre qui posait problème et pourquoi cela impliquait les deux équipes de Quidditch.

 – AVADA KEDAVRA, CONNARD ! J'VAIS T'RÉGLER TON COMPTE !
 – Miss Rosenbach calmez-vous, entendit-elle le professeur Carthaigh dire avec une certaine fermeté.
 – Mais elle est cinglée celle-là, c'est pas vrai ! hurla Lilian Keller, le capitaine des Serdaigles.
 – REDIS-MOI ÇA ET J'TE TUE !

 Presque épuisée d'avoir trop hurlée, la main qui tenait la baguette retomba sur son flanc. Même si Amethyste se calma une seconde, Keller n'était pas du genre à se laisser faire.

 – Mettez-lui une muselière qu'elle se taise.
 – ESPÈCE DE... ! AVADA KEDAVRA !

 Alors qu'elle brandissait de nouveau sa baguette vers Lilian, le professeur Carthaigh se plaça devant elle. Camilla Merill essayait, quant à elle, de raisonner son capitaine pour qu'il arrêtât de chercher des problèmes aux membres de l'équipe adverse. Proserpine trouva Martha qui discutait dans un coin avec des amies à elle. Le sourire aux lèvres, elle semblait très amusée par le spectacle provoqué par la batteuse de son équipe.

 – Qu'est-ce que tu veux ? lui demanda-t-elle sèchement alors que Proserpine ne lui avait encore rien demandé.
 – Où est Mike ?
 – Qu'est-ce que j'en sais ?

 Cette fille avait toujours été odieuse mais, pour la première fois, cela l'agaça vraiment.

 – Vous êtes tous partis sans lui ? Ça ne vous a pas dérangé ?
 – De quoi est-ce que je me mêle ? C'est pas mon hiboux, j'ai pas à m'en occuper.

 Puis, elle eut un sourire mesquin.

 – De toute façon Rosenbach s'était déjà occupée de son cas... elle a repeint sa sale gueule, si tu vois ce que je veux dire. Il va probablement pas tarder à venir s'essuyer dans tes jupes.

 Proserpine ne réagit pas et repartit en direction du terrain. Amethyste Rosenbach n'avait toujours pas terminé de cracher sa frustration d'avoir perdu que la commentatrice dévalât la côte à grandes enjambées. Ses cheveux mouillés collaient à son front et lui rentraient dans la bouche mais elle ne prit pas la peine de les dégager. Elle ne rencontra personne sur le chemin des vestiaires mais cessa tout de même de courir en y arrivant. Silencieusement, elle vérifia qu'il n'y avait personne et se dirigea vers celui des Serpentards. Si quelqu'un la voyait là elle aurait grand mal à s'en justifier, mais ça n'avait pas d'importance. Les autres n'avaient aucune importance.
 Ses chaussures trempées provoquèrent au contact du sol un bruit spongieux qu'elle entendit à peine. Sa cape, ses cheveux, son écharpe, tout pesait atrocement lourd avec cette pluie. Sa respiration, son cœur et son corps, aussi. Elle le sentait plein de courbatures désagréables.
 Proserpine ne le vit pas tout de suite. Elle vit d'abord les gants par terre et les reste de bandages qui n'avaient pas été jetés. Mike était assis au bord du banc au centre de la pièce exiguë. Les coudes sur ses genoux, il avait la tête baissée.
 Il se retourna une seconde pour voir qui était l'intrus et il eut un rictus au coin des lèvres.

 – Ah c'est toi. Qu'est-ce tu fais là ? demanda-t-il en se frottant les yeux.

 Il avait même soupiré. Il ne regardait plus dans sa direction.
 Proserpine ne sut pas quoi répondre ; en vérité, elle n'en avait aucune idée. Elle n'y avait même pas réfléchi avant de se précipiter pour le retrouver.

 – Tu peux me laisser seul ?

 Elle déglutit. Aucune émotion n'accepta de prendre la forme de mots, de phrases capables d'exprimer ce qu'elle ressentait. Pourtant, elle sentait bien que c'était le moment de le faire. De dire qu'elle était désolée qu'il n'eût pas gagné. Qu'elle voyait bien que cette défaite était difficile à accepter pour lui. Qu'elle aurait aimé le réconforter.
 Mais elle n'y arrivait pas. Elle ne parvenait pas à partir non plus.
 Réalisant qu'elle ne s'était toujours pas décidé à quitter les lieux, Mike se releva et lui fit face un instant. Il avait sur les lèvres un sourire agacé qu'elle ne lui avait jamais vu, et des reflets rouges et brillants aux coins des yeux.

 – S'il-te-plaît Proserpine, rit-il. Je ne suis pas en état là.

 Elle ne l'était pas plus que lui.
 Elle se passa la main dans les cheveux et regarda autour d'elle un instant.

 – Vous auriez dû gagner le match.

 Mike la détailla du regard.

 – Vous étiez bien meilleurs.

 Il donna un coup de pied dans le banc, la faisant sursauter, et se frotta de nouveau les yeux. Il releva la tête et sourit à Proserpine qui n'osa plus bouger.

 – C'est bien ma veine, ça, hein ! On aurait dû gagner, super.

 Il pointa la porte derrière lui qui donnait sur le terrain.

 – Tu peux me rappeler qui a gagné, en attendant ? Ça vaut quoi de devoir gagner si derrière on y arrive pas ? C'est censé me réconforter de savoir qu'il n'y avait aucune raison qu'on ne gagne pas ce match ?

 Elle déglutit, immobile.

 – J'ai merdé, c'est tout ! Ouvre les yeux !
 – Tu es un excellent attrapeur, dit-elle d'un ton égal.
 – Mais arrête ! Arrête ! Tu as toujours été la seule à le dire et la vérité c'est que tu t'es seulement plantée. Tu t'es plantée sur moi.

 Puis, il souffla, un sourire cruel sur le visage.

 – La preuve, Serpentard est dernier ! Vois un peu ce qu'il a réussi à faire, ton attrapeur préféré, il a juste fait chuter son équipe à son pire classement en sept ans !
 – Je ne me suis pas trompée sur toi.
 – Tu sais bien que si !

 Il se frotta les yeux une énième fois, comme un tic nerveux. Elle remarqua pour la première fois que ses vêtements et une partie de son menton étaient couverts de sang.

 – Et de tout ça, le pire... le pire, c'est vraiment...

 Il la désigna d'un geste désespéré.

 – Tu es la seule à n'avoir jamais cru en moi, et voilà le résultat.
 – J'ai eu raison de le faire.
 – Tu as eu tort. Demande à tous les Serpentards. Ils me détestent ! Je suis juste un paria pour eux, et cette fois c'est fini, j'en ai pour toute l'année !
 – Tu as dit que tu t'en fichais.
 – Et bah j'ai menti !

 Il avait presque hurlé – et le sourire qu'il avait là, elle ne l'aimait pas. Mike se calma un instant, les joues baignées de larmes gorgées de frustration, et reprit d'une voix plus basse.

 – Tu vois... tu n'es pas la seule à pouvoir le faire.

 Proserpine eut un léger mouvement de recul.

 – Je ne mens jamais.
 – Ah oui ?

 Son regard ne lâcha plus le sien.

 – Tu ne t'es jamais disputée avec ton père ?
 – Je te l'ai dit, non.
 – Mais enfin, Proserpine, je t'en prie !

 Elle avait l'impression de l'avoir blessé, sans comprend pourquoi.

 – Il était super énervé quand il nous a vu. Depuis il fait comme si je n'existais plus en classe, et toi tu l'ignores dans les couloirs.
 – Ça ne change pas de d'habitude.

 Il eut un léger rire malgré ses yeux brillants.

 – Toi tu n'es pas comme d'habitude. On ne se connaît pas beaucoup mais...

 Sans finir sa phrase, il soupira. Une profondeur douleur naquit au fond du ventre de Proserpine.

 – On est pas assez proches pour que tu m'en parles.

 Elle voulut dire quelque chose mais n'y parvint pas.

 – Alors je préfère autant être seul. On n'a rien à se dire.
 – Mike.
 – Je suis vraiment dégoûté d'avoir perdu ce match. Il vaudrait mieux que je rentre dans la salle commune, dit-il en se dirigeant vers la sortie.
 – Attends Mike, essaya-t-elle de le retenir d'une voix vacillante.
 – Salut.

 Elle avait l'impression qu'il n'y aurait pas de prochaine fois. Que s'il s'en allait maintenant, sans qu'elle n'eût rien fait pour le retenir et l'aider, ils se laisseraient envahir par la gêne et le chagrin et ne se diraient plus rien.
 Proserpine regarda son dos passer la porte. Sans un regard pour elle, il s'en alla oublier sa déception, seul, sans cette personne qui ne lui faisait pas assez confiance pour être honnête avec lui. Elle le laissa partir et une sensation de picotements envahit ses doigts.
 C'était trop tard. Elle en était sûre, quelque part, elle avait tout gâché.

*

 Proserpine était restée assise sur son lit tout l'après-midi. Elle avait manqué son cours de sortilèges, sans même s'en apercevoir, et avait manqué le dîner aussi. La discussion avec Mike l'avait plongée dans une certaine mélancolie, comme elle en ressentait rarement.
 Pourtant ils ne s'étaient pas vraiment disputés. Même s'il avait semblé déçu, d'une certaine façon, que Proserpine ne lui parlât pas de ses problèmes, elle ne lui avait jamais dit qu'elle le ferait. Il avait perdu son match mais la vision que Proserpine avait de lui n'en était pas altérée pour autant, et il aurait dû le savoir – s'il la connaissait autant qu'il le prétendait. Alors pourquoi se sentait-elle si mal ? Elle mettrait des heures avant de se dire que, peut-être, elle ressentait envers lui une profonde empathie.
 Elle aurait voulu qu'il gagnât ce match. Elle aurait voulu que son sourire ne fût jamais un mensonge, qu'il ignorât les remarques des autres qui n'étaient que des idiots. Elle aurait voulu qu'il sût qu'elle croyait encore en lui, qu'elle n'avait jamais arrêté. Qu'il se voit comme elle le voyait.
 Néanmoins il n'était pas le seul à peser sur son cœur. Proserpine avait évité par tous les moyens de repenser à son père plus de dix secondes depuis leur dispute. Serait-elle véritablement différente de d'habitude ? Cette dispute l'aurait à ce point affectée ? Elle n'en avait pas l'impression, mais elle ne pouvait pas croire que Mike lui eût dit ça sans fondement. Ils étaient très différents l'un de l'autre, mais il partageait bien quelque chose qu'elle n'avait avec personne d'autre. Cela devait bien signifier quelque chose.
 Incapable de s'endormir à une heure du matin, elle décida de descendre de son dortoir et d'aller dans la salle commune. Elle fut soulagée de n'y croiser personne et s'assit sur le canapé devant la cheminée. Les braises étaient presque éteintes mais il persistait encore quelques crépitements, ne permettant pas pour autant d'éclairer la pièce. Proserpine aurait pu le rallumer, mais elle n'avait aucune envie de bouger du canapé. Elle posa les pieds sur la table basse devant elle et laissa son dos glisser sans le retenir. Pour la première fois de la journée l'envie de dormir l'étreignit et son esprit sembla se calmer. Peut-être était-ce le calme de la salle commune, isolé des bruits de respiration et de grincements de lits des autres personnes, qui parvenait enfin à l'apaiser. Elle ferma les yeux et croisa les bras sur son pyjama en coton, se rendant compte enfin à quel point elle était épuisée.
 Sans savoir si elle s'était endormie, le son provoqué par le glissement du tableau qui servait de porte à la salle commune la fit ouvrir les yeux. Proserpine vit se dessiner dans la pénombre deux silhouettes qu'elle connaissait bien.

 – Qu'est-ce qu'elle fiche là elle ? s'énerva Avril auprès de Romeo. C'est toi qui lui a dit ?

 Il semblait tout aussi surpris qu'elle. Proserpine ne savait pas ce qu'ils étaient allé faire à une heure aussi tardive et n'en avait strictement rien à faire.
 Avril se rapprocha du canapé pour pouvoir lui parler tout en gardant une voix la plus basse possible.

 – Tu n'as pas intérêt à le répéter à qui que ce soit ! la menaça-t-elle entre ses dents.
 – Je n'en ai rien à faire de vous.
 – C'est ça... qui me dit que je peux te croire ?
 – Personne, soupira Proserpine. Pense ce que tu veux ça m'est égal.
 – Ne t'inquiète pas Avril, dit Romeo à son tour. Elle ne dira rien, je la connais.

 Avril lui lança un regard effaré, celui que lui lançaient tous ceux qui ne comprenaient pas qu'on pût prendre la défense d'une personne comme Proserpine. Elle sembla hésiter et, voyant la mine éternellement réjouie de Romeo, préféra rejoindre son dortoir en silence.
 Celui-ci vint du côté de Proserpine qui, sans vraiment savoir pourquoi, demanda simplement :

 – Vous sortez ensemble ?
 – Non, pourquoi ? On est amis. Puis elle sort avec ce garçon de Serpentard.
 – Ah oui, c'est vrai.
 – Ce n'est pas parce que tu as arrêté de lui parler que moi aussi.

 Proserpine n'y avait jamais pensé. Avril était sortie de sa vie avec une facilité déconcertante, et elle n'avait même pas envisagé que Romeo pût continuer de lui parler. Il s'assit à côté d'elle sans qu'elle l'eût invité et sortit de sa poche quelques dragées. Elle les refusa d'un signe de tête.

 – Pourquoi tu ne dors pas ? demanda-t-il, lui-même très réveillé.
 – Je n'y arrivais pas.
 – C'est à cause de la défaite de Serpentard ?

 Proserpine pencha la tête vers lui.

 – J'ai vu que tu t'entendais bien avec Mike, et il était tellement abattu après le match. Faut dire que Sandy a joué avec ses nerfs toute la journée après ça.

 Elle expira longuement.

 – Il est un peu devenu la risée des Serpentards je crois. Par contre les Serdaigles l'adorent maintenant.

 Romeo l'avait dit en souriant, comme l'aurait probablement fait Mike lui-même, d'une manière qui supposait que ce n'était pas grave et qu'il préférait en rire. Mais Proserpine savait très bien que ce n'était pas aussi drôle que ça pour lui. Ça ne l'amusait probablement pas du tout, même.

 – Ça te rend triste qu'il ait perdu ?

 Proserpine tourna la tête vers lui, l'observant comme s'il venait de dire pour la première fois de sa vie quelque chose de tout à fait juste. Elle ne l'imaginait pas si perspicace. Puis, sans comprendre pourquoi, elle ajouta.

 – Il n'y a pas que ça.
 – Tu t'es disputé avec ton père ?

 Irritée, elle cracha presque :

 – Mais ça se voit tant que ça ?

 Romeo eut un léger rire et mangea un autre dragée.

 – Disons que je ne vois pas ce qui pourrait te préoccuper en dehors de ça, répondit-il en s'asseyant sur la table basse pour lui faire face. Ce n'est pas comme si c'était ton genre de pas réussir à dormir pour les examens ou des problèmes de cœur.
 – Qu'est-ce que tu en sais ?
 – C'est le cas ?

 Elle fronça les sourcils.

 – Non.
 – J'en étais sûr. Tu n'as jamais l'air fatiguée.
 – Depuis quand es-tu aussi attentif ?

 Il ne répondit pas et se gratta l'oreille. Elle n'y avait pas pensé, mais il était tard, il était peut-être fatigué lui aussi. Un bâillement sembla confirmer sa pensée. Pourtant il resta là, à ses côtés, à essayer de lui faire dire ce qui lui pesait sur le cœur, au lieu d'aller dormir. Pour elle, Romeo n'avait jamais été que son camarade un peu benêt qui la collait depuis la première année. Il n'était pas censé représenter quoi que ce soit pour elle.
 Pourtant elle ne se voyait parler à personne d'autre que lui.

 – Romeo, je crois que j'ai commis une erreur.
 – Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

 Proserpine serra ses jambes contre elle et posa son menton sur ses genoux. Les yeux dans le vague, elle continua :

 – J'ai dit des choses horribles à mon père. Je lui ai fait comprendre que je ne lui pardonnerais pas de m'avoir laissé tomber à la mort de ma mère.

 Elle baissa la tête.

 – Mais j'ai fait exactement pareil avec Oliver. Je l'ai laissé tomber, comme mon père avec moi. Je ne vaux pas mieux que lui, soupira-t-elle.

 Romeo ne répondit pas et elle lui en fut reconnaissante.

 – Il était triste, il pensait qu'il m'avait déçu mais ce n'était pas vrai. J'aurais dû faire quelque chose pour l'aider, mais je ne savais pas quoi. J'ai été complètement dépassée.

 Elle leva les yeux vers lui.

 – Je n'oserai plus jamais aller lui parler. Et à mon père non plus.

 Proserpine était encore bien trop en colère contre lui de toute façon, même si elle ne prit pas la peine de le préciser. Elle s'assit en tailleur et soupira profondément. Romeo, sans rien dire, passa un bras autour de ses épaules et l'amena contre lui. Un peu surprise, elle ne réagit pas pour autant, et se laissa tomber contre son torse. Elle n'aimait pas les contacts physiques mais, pour une fois, cela ne la dérangea pas.
 Proserpine ferma les yeux un instant. Romeo s'écarta et posa une main compatissante sur son épaule. Il ne dit rien pendant un moment avant de se lever.

 – Tu t'en vas ? s'étonna-t-elle.
 – Je suis vraiment fatigué, Avril m'a parlée pendant des heures ça m'a crevé !
 – Mais tu ne vas pas m'aider ?

 La remarque de Proserpine amusa beaucoup Romeo, ce qui agaça quelque peu la jeune fille. Pour une fois qu'elle osait s'ouvrir à quelqu'un, on ne l'aidait même pas.

 – Je t'en pris, Prosy. Tu as déjà fait la moitié du chemin en m'en parlant. C'est à toi de faire l'autre moitié en leur parlant à eux.

 Il passa derrière le canapé et elle le suivit du regard.

 – Puis je vais être honnête mais je ne sais pas ce que tu dois faire exactement, moi. Tu finiras par trouver toute seule de toute façon !

 Proserpine soupira, ne voyant vraiment pas où il voulait en venir, et cessa de le regarder.

 – Bonne nuit ! lui dit-il avec un grand sourire.

 Elle se tourna vers lui alors qu'il montait les marches jusqu'au dortoir. À quoi lui avait-il servi ? À part l'écouter parler pendant une petite minute et l'étreindre en silence ? Il était déjà parti.
 Proserpine s'allongea sur le canapé. Le feu était totalement éteint désormais et l'obscurité de la salle commune la plongea dans une profonde torpeur. Elle repensa à Romeo, se demandant où il avait voulu en venir. Pourquoi était-il parti aussi vite alors que, pour la première fois, elle l'avait considéré comme quelqu'un à qui elle pouvait se confier ? Proserpine avait été agacée de l'avoir vu partir aussi vite, mais de l'autre, elle se sentait moins mal qu'avant son arrivée. Même s'il ne lui avait pas donné le moindre conseil, il l'avait écoutée, et c'était déjà beaucoup. C'était grâce à lui que son cœur s'était allégé. Il avait fait avec elle ce qu'elle-même aurait dû faire avec Mike. Il avait peut-être raison ; elle avait peut-être fait la moitié du travail en en parlant une première fois.
 Proserpine sourit, comme elle le faisait rarement, et s'endormit presque aussitôt. Romeo était définitivement de bons conseils, même sans en donner. La jeune Gryffondor avait définitivement besoin de lui dans sa vie ; elle avait toujours eu besoin de lui à ses côtés. Elle s'en rendait compte, désormais.


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