mercredi 6 mai 2020

“The End of our World” ♦ Chapitre 11


 – Bordel, il fait trop chaud ! J'en peux plus ! s'énerva Julie en enlevant ses gants même si le cours n'était pas terminé.
 – Miss McFly remettez vos gants tout de suite, ordonna le professeur Carthaigh d'une voix ferme. L'hellébore est une plante très vénéneuse, personne ne s'en approche sans avoir de gants et de manches adaptés. Mr Smith remontez les bien jusqu'à votre robe, aucun centimètre carré de peau ne doit être à l'air libre.

 Il répéta les consignes de sécurité une seconde fois et Julie remit ses gants avec une mine dégoûtée. Le professeur n'était jamais ferme sauf lorsqu'était en jeu la sécurité des élèves, et c'était bien la seule chose que Proserpine ne lui reprochait pas. Néanmoins, dans la serre, sous un soleil de plomb et des températures anormalement chaudes, il devenait difficile de supporter gants, manches, lunettes et écharpe en coton épais. Tout le monde se sentait en difficulté. Extraire de l'hellébore ce qui permettait de faire les potions était déjà d'une rare difficulté, d'où le fait que seuls les étudiants en fin de dernière année y avaient droit, mais s'y atteler dans une situation pareille était éreintant. Même Proserpine, pourtant impassible, commençait à en avoir marre.
 Le cours touchait à sa fin et, l'extraction terminée, il était temps de remettre la fleur dans le pot.

 – Mes gants sont plein de sueurs, se plaignit Julie. C'est vraiment dégueulasse.
 – Ça va t'as l'habitude de transpirer toi au moins ! dit un élève Gryffondor à sa gauche. Bientôt la finale de Quidditch.
 – Ouais c'est vrai, répondit-elle tandis qu'au loin, une voix redevenue faiblarde lui demanda timidement de parler moins fort sans que personne n'y fît attention. Je te dis pas la raclé qu'on va leur mettre.
 – On a qu'à demander en face, dit Sandy qui ne pouvait manquer un tel débat. Ça fait quoi de se prendre une raclé ?

 Il avait quatre membre de l'équipe de Quidditch de Serpentard sous la main, juste pour lui, alors il n'allait pas se priver pour jouer avec. Néanmoins, plusieurs mois après leur échec, les réactions ne furent pas très vives. Mike et Amil, au bout de la table, ne levèrent même pas la tête vers lui, trop occupés à essayer de comprendre pourquoi l'hellébore de Mike avait pris un mauvais pli, donnant l'impression qu'elle était morte. Quant à Jasmine Prior et Hugues Tafon, loin d'être les joueurs les plus énervés de l'équipe, ils se contentèrent de légères piques lancées à Sandy et sa bande de « joyeux moutons ». Les discussions commencèrent néanmoins à gagner en volume et le professeur de botanique eut le plus grand mal à ramener le calme. Il finit par récupérer les plantes, craignant un accident, et une fois celles ci mises sous verre tout le monde put enlever les protections.

 – Miss Maiden, Miss Bradbury, vous pouvez venir m'aider ? demanda le professeur aux personnes les plus proches de lui.

 Elles se regardèrent puis allèrent tenir l'étagère qu'il leur indiqua pour placer le caisson contenant les plantes juste en dessous. Après un effort, il leur demanda de lâcher, et l'étagère put tenir toute seule sur le caisson.

 – Voilà ce qui se passe quand l'école paye des meubles en bois magiques, ils sont très solides mais s'ils se cassent il deviennent trop fiers pour se laisser réparer, plaisanta-t-il avec un sourire discret.

 Sa blague amusa Poppy mais Proserpine lui lança le même regard profondément indifférent qu'elle réservait aux gens qui ne représentaient aucun intérêt pour elle. Cela provoqua un léger malaise dans le petit groupe et Proserpine retourna chercher son sac en enlevant ses protections en coton au passage. Tout le monde était déjà parti et la chaleur étouffante de la serre ne lui donnait pas envie d'y rester une seconde de plus.
 La journée s'écoula tranquillement. La semaine commençait et, même si ses week-ends étaient désormais remplis de longues heures de révision, toute seule ou à aider Julie, elle n'était pas très fatiguée. La discussion qu'elle avait surprise entre le professeur Mantis et son père la perturbait encore, tant qu'elle ne savait toujours pas quoi en penser, mais elle savait aussi qu'elle n'avait pas de temps à y consacrer. Proserpine se disait qu'ils auraient tout le temps de discuter une fois les examens terminés. Quant à Mike, elle n'y pensait même plus.
 Les examens c'était tout ce qui l'importait pour le moment. Le reste pouvait bien attendre.
 Après le cours de métamorphose, où elle n'avait même pas ressenti le besoin de sortir ses affaires de son sac tant le cours était facile, le soir finit par tomber et Proserpine mangea dans la salle commune en lisant son manuel d'histoire de la magie. Romeo s'était assis à côté d'elle mais ils ne s'étaient presque pas parlés. Elle, trop absorbée par son apprentissage de la liste des ministres de la Magie et lui, par le dernier paquet de cartes magiques qu'il avait acheté et censé réaliser un château par simple ordre de son propriétaire. Lorsqu'elle quitta la table, elle vit qu'elles savaient même reproduire les châteaux forts japonais, ce qui plaisait tout particulièrement à Romeo.
 Loin de l'agitation, Proserpine s'installa dans la salle commune, à sa place habituelle, et ne lâcha pas son livre de la soirée. À un moment, Julie vint s'asseoir à côté d'elle et révisa avec un calme impressionnant de sa part. Ne dérangeant jamais Proserpine, mais appréciant peut-être de travailler avec elle, même sans lui parler. Vers vingt-trois heures, elle alla se coucher en premier et lui souhaita bonne nuit en baillant bruyamment. Surprise par la faim, Proserpine prit son sac pour voir s'il ne lui resterait pas des chocogrenouilles à grignoter. Observant ses livres, un doute la prit.
 Il y avait quelque chose de bizarre. Elle les sortit tous et comprit bien vite qu'un des livres était de trop. Couverture beige, titre inscrit en relief, peu épais : son livre sur les exercices de Quidditch. Elle l'avait perdu des mois auparavant, durant les vacances de Noël. Comment avait-il pu se retrouver de nouveau dans son sac ? Fronçant les sourcils, Proserpine l'étudia sous toutes les coutures et l'ouvrit, y trouvant un petit mot griffonné coincé juste derrière la couverture.
 Elle dut s'y mettre à plusieurs fois pour comprendre ce qui était écrit.

 « Si tu peux, viens dans les gradins de Quidditch à vingt-deux heures. Mike. »

 Vingt-deux heures, et il était déjà vingt-trois heures passé. Proserpine sentit son cœur battre à toute vitesse. Il était beaucoup trop tard ! Mike n'avait pas dû l'attendre aussi longtemps, d'autant plus qu'il n'aurait jamais pu être certain qu'elle bravât l'interdit pour y aller. Réfléchissant à toute vitesse, elle laissa le livre à sa place, mit sa cape et sortit de la salle commune, attirant le regard endormi des quelques personnes encore présentes.
 Assez peu inquiète à l'idée de se faire prendre, ayant le pressentiment que rien ne l'empêcherait de rejoindre ces gradins, Proserpine dévala les escaliers à toute vitesse. Peut-être était-il encore là-bas, même si cela lui paraissait improbable qu'il l'eût attendu pendant tout ce temps, mais elle avait besoin d'en être sûre. Proserpine courut sur les derniers mètres qui la séparaient des gradins. Ne sachant pas s'il se trouverait plutôt dessus ou dessous, elle les visita en jetant des coups d'œil partout.
 Elle le vit presque tout de suite, assis sous les gradins, l'épaule reposant sur une poutre. Il regardait le vide et ne la remarqua pas tout de suite. Proserpine s'approcha, essoufflée d'avoir couru. Lorsqu'il la vit, il écarquilla les yeux, sincèrement surpris.

 – Je suis en retard, s'excusa-t-elle.
 – Hey ! Non, c'est pas grave ! la rassura-t-il.
 – Tu m'as attendu tout ce temps ? demanda-t-elle en haussant un sourcil.

 Mike se massa la nuque.

 – Pas vraiment, je t'avoue. Je pensais plus que tu viendrais.
 – Pourquoi tu n'es pas rentré ?
 – J'aime bien être ici, dit-il, la mine rêveuse. Puis en ce moment je n'arrive pas à m'endormir avant quatre heures du matin. L'air frais me fait du bien.

 Il prit alors enfin le temps de la regarder vraiment, un sourire éclatant aux lèvres – comme ceux qu'elle aimait tant. Il l'invita à s'asseoir à côté de lui et elle le fit sans se faire prier. Pleine d'adrénaline encore quelques minutes auparavant, tout en elle s'apaisa. La tension dans ses épaules depuis des mois, ses craintes de ne plus lui parler et qu'elle avait tues, les « laisse-lui le temps » dont elle ne savait plus quoi faire, tout disparut d'un coup.
 Sans même réfléchir, elle dit :

 – Je suis désolée pour la dernière fois.

 Mike se massa la nuque, gêné.

 – Non, c'est moi. J'étais déçu et j'avais pas envie de parler. Et après je n'ai plus osé, je me suis dit que tu devais m'en vouloir.
 – Pourquoi ?
 – Pour t'avoir jetée, dit-il abruptement. Alors que tu es la seule à avoir jamais été vraiment sympa avec moi. C'était nul.

 Proserpine inspira longuement.

 – Je ne t'en veux pas.

 Puis elle ajouta :

 – On aurait dû prendre le temps de se parler.
 – Oui tu as raison.

 Ils échangèrent un sourire et Mike sembla se détendre. Un silence s'installa tandis qu'ils se regardaient. Mike semblait réfléchir à quelque chose, probablement à quelque chose qu'il hésitait encore à lui dire. Après un moment, il se lança avec l'assurance qui était la sienne.

 – Tu te souviens de la fois où tu m'as dit de ne pas me laisser abattre ? Je ne t'ai même pas répondu, ajouta-t-il, la mine désolée.
 – Je m'en souviens.
 – Je crois que je n'ai jamais été aussi gêné de ma vie.

 Son regard se perdit dans le vide et celui de Proserpine le rejoignit avant que ses paupières se fermassent d'elles-mêmes.

 – Je faisais toute une scène juste pour un match de Quidditch et quelques idiots qui se foutent de moi. Et le pire de tout, c'est que c'est toi qui me disais de pas me laisser abattre.

 Proserpine, ne comprenant pas où il venait en venir, le laissa continuer sans l'interrompre.

 – Quand j'ai commencé ma première année, mes parents ont divorcé. Mon père m'avait toujours détesté et en profité pour ne plus me voir et ma mère... c'est le genre de personne qui n'aurait jamais dû avoir d'enfant. Je sais que c'est pas de sa faute mais... elle est malade et elle refuse de se faire soigner, à place elle veut que je sois tout le temps là pour m'occuper d'elle. Elle a même essayé de m'empêcher de revenir ici à plusieurs reprises. 

 Il soupira.

 – Et si on ajoute à ça les Serpentards qui m'ont pris pour cible dès mon arrivée... J'avais l'impression qu'il ne pouvait pas exister de pire situation que la mienne !

 Proserpine laissa tomber sa tête sur son épaule. Mike continua.

 – Puis en deuxième année, tout le monde s'est mis à me parler de toi et du professeur Bradbury... À l'époque je voyais même pas à quoi tu pouvais ressembler. J'y ai même pas... prêté attention.

 Il laissa passer un silence, un malaise évident sur le visage.

 – C'est seulement plus tard quand... je t'ai... remarqué, admit-il, les joues rouges, que je me suis rappelé de toutes ces rumeurs sur toi, sur ta mère...

 Proserpine l'observa en silence sans que Mike n'osât la regarder davantage.

 – Même si plusieurs années étaient passées, tu avais l'air si sûre de toi... on devait avoir quinze ans et tu remettais à leur place même des élèves de dernière année. Alors que moi j'étais qu'un gamin, toujours à pleurer dès qu'on lui lançait une remarque puérile et à appeler les profs à l'aide.
 – Ta situation familiale n'est pas facile non plus, reconnut Proserpine.

 Mike sourit.

 – J'aimerais... être plus comme toi. Ne pas me laisser abattre par la moindre défaite ou le moindre problème sur mon chemin. Trouver le Gryffondor en moi je suppose, ajouta-t-il en pressant un doigt sur ses lèvres. Répète à personne que je viens de te dire ça, surtout !
 – Tu m'avais remarquée depuis longtemps ?
 – Q-Quoi ? s'exclama Mike, les joues cramoisies, surpris par son interruption - et probablement ayant secrètement espérée qu'elle ne relève pas cela. Non, non ! Pas spécialement... enfin je...

 Proserpine sourit et Mike se racla bruyamment la gorge.

 – Enfin bref... j'aurais jamais dû me comporter comme un gamin pour une simple défaite... et je n'aurais pas dû m'énerver que tu ne me parles pas de tes problèmes.
 – J'aurais dû être plus honnête avec toi, répondit Proserpine, comme une évidence.

 Elle leva les yeux vers lui et il haussa les épaules, l'air de dire qu'ils n'y pouvaient plus rien. Le temps perdu ne se rattrapait pas mais il leur restait tout l'avenir à passer ensemble.

 – Tu sais, je suis pas le mec le plus courageux, poursuivit-il, mais j'ai d'autres stratégies. J'ai compris que je pouvais pas empêcher les autres Serpentard de me détester et de se foutre de moi, alors j'ai trouvé un autre moyen de me venger.

 Proserpine haussa les sourcils et Mike se mordit l’intérieur de la joue.

 – Quoi ? Je suis un Serpentard, moi ! Je suis un malin, dit-il en posant un doigt sur sa tempe. Tu te souviens du marécage qui a investit les cachots pendant une semaine ? Quand plus personne ne pouvait sortir de notre salle commune ou du cours de potion sans passer la journée dans des vêtements boueux ? C'était moi. Bon, j'étais boueux comme tout le monde, mais ça valait le coup ! Et toutes les plumes remplacées par de la gélatine lors d'un cours de sortilèges du mois dernier ? C'était moi aussi.
 – C'est très puéril comme comportement, dit Proserpine d'une voix neutre.
 – Oui je sais. Mais au moins je me suis bien amusé ces dernières semaines.

 Proserpine sourit sans s'en rendre compte. Elle s'était tant inquiétée pour lui lors de ces derniers mois sans lui parler qu'apprendre qu'il avait pu s'amuser de la situation, même à sa manière, lui fit du bien.

 – J'ai jamais été populaire mais j'avais l'impression que ça avait un peu changé quand j'ai rejoins l'équipe de Quidditch, reprit-il. Avec les bons scores de l'année dernière, les gens ont vraiment commencé à y croire. J'avais arrêté d'être le pariât de service et, même toi la commentatrice la plus flingueuse de l'histoire, tu reconnaissais que j'étais doué !

 Le sourire de Mike s'effaça un peu, mais Proserpine sentit que le pire était passé. Qu'il avait tourné la page.

 – J'étais... dépité qu'on me déteste encore plus qu'avant à cause de cette défaite. Mais... je ne suis plus le même, je ne me laisse plus abattre par des idioties.

 Il se massa la nuque.

 – Enfin plus trop.

 Proserpine se redressa et l'observa avec attention. Puis, elle se déplaça pour s'asseoir en face de lui, sur les genoux. Mike rougit, un léger sourire aux lèvres, déplaçant tout de même ses jambes pour lui laisser la place.
 Proserpine posa les mains sur son torse et leurs visages se rapprochèrent d'un même mouvement. Tandis que son souffle rencontra le sien, brusquement, Proserpine se rendit compte de quelque chose.

 – Tu as le nez violet ?

 Mike, interrompu dans un moment qu'il attendait certainement depuis longtemps, ne comprit pas tout de suite de quoi elle lui parlait. Il loucha sur son nez et se recula.

 – Ah, oui. Ça ! dit-il se pointant du doigt. C'est rien, juste... attends, tu ne l'avais pas remarqué avant ?
 – Non.

 Pourtant, désormais, elle ne voyait que ça. Une tâche violette, luisant à la lumière de la lune, ornait son nez. Un peu amusé, il déroula l'écharpe verte et argent qu'il portait autour de son cou, dévoilant ainsi une tache de la même couleur que sur son nez,. Cette seconde marque commençait de sous sa chemise jusqu'à son lobe d'oreille.

 – Qu'est-ce que c'est ?
 – Les nouveaux Attrap'Crapauds de chez Zonko. Ça ressemble à des petits bonbons violets mais ça provoque des plaques sur la peau et ça a la même texture que le dos d'un crapaud.

 Proserpine fronça les sourcils pour mieux observer la tache et admit sans mal qu'elle paraissait aussi grasse qu'un emballage de hamburger, comme dans ces restaurants moldus de nourriture rapide où elle allait en été quand elle en avait marre de cuisiner.

 – Tu en as mangé un ?
 – Non, mais quelqu'un a dû en cacher dans ma bouffe hier soir. Je me suis réveillée ce matin... les taches étaient encore plus imposantes.
 – Tu en as ailleurs sur le corps ?

 Le visage de Mike devint tout rouge.

 – N-Non ! Pas du tout, enfin !

 Il reprit son calme et tira sur le tissu de sa chemise.

 – Mais ça colle aux vêtements, c'est vraiment énervant. Du coup, dit-il en se penchant vers Proserpine sur le ton de la confidence, j'ai pris tout le stock d'Amil et je suis allé dans les cuisines pour demander aux elfes de maison de me préparer cinquante muffins à la myrtilles.
 – Et tu leur as donnés les bonbons ?
 – Évidemment. Je leur ai aussi demandés d'amener les muffins dans la salle commune dès qu'ils seraient terminés, en les accompagnant d'un mot précisant que c'est un cadeau de Bumblebee aux élèves. Avant que les autres se rendent compte de l'arnaque tu peux être sûr qu'au moins cinquante Serpentards clinquants comme jamais vont se balader dans Poudlard avec une toute nouvelle peau violette.
 – C'est très puéril.
 – J'allais pas me laisser faire !

 Mike eut un léger rire et Proserpine recommença à l'observer attentivement. Malgré tous ses efforts, il n'arrivait plus à soutenir son regard désormais, comme si la tentative de baiser avortée de tout à l'heure avait été si pathétique avec son nez violet que ce n'était même plus envisageable.

 – Tu vois, dit-il en baissant les yeux, je ne me laisse pas abattre.
 – C'est vraiment gamin comme comportement.
 – Ouais je sais, pas la peine d'en rajou-

 Mais Proserpine l'interrompit en plaquant ses lèvres sur les siennes. Ses lèvres et sa peau étaient froides d'être restées dans le froid jusque tard dans la nuit. Mike n'eut pas le temps de répondre à son baiser qu'elle l'interrompit déjà, se reculant pour constater qu'il n'avait même pas fermé les yeux.
 Le jeune Serpentard se mit à rire constatant que son nez plein de bave de crapaud avait laissé une marque sur sa joue. Proserpine porta la main à son visage et toucha la trace de bave comme si elle en sentait pour la première fois.

 – Pardon, rit Mike sans avoir l'air désolé du tout.

 Ils se regardèrent encore et, naturellement, se penchèrent l'un vers l'autre pour s'embrasser de nouveau. Il enroula un bras autour de sa taille et l'autre attira son buste contre le sien. Proserpine posa ses mains sur son torse, constatant qu'il y avait bien d'autres endroits où sa peau visqueuse imbibait ses vêtements. Après un instant, Mike détacha son visage du sien, ne laissant plus que le goût de ses lèvres sur les siennes. Son sourire était si grand et apaisé que Proserpine eut envie de l'embrasser encore une fois.
 À la place, elle dit d'un ton neutre mais non dénué de sens.

 – J'en avais envie depuis Noël.

 Mike pouffa.

 – Oui, moi aussi !

 Le regard brillant, il remonta sa main pour jouer avec ses cheveux, les enroulant autour de son doigt. Il était le seul qui pouvait faire ça.

 – J'ai plus envie qu'on se sépare pour des bêtises.
 – Moi non plus.
 – Tant pis si ton père doit me tuer ! Je suis prêt.
 – Il ne te tuera pas, c'est interdit par le règlement de l'école, dit-elle comme si ce n'était pas évident.
 – Oui il va certainement se contenter de me recaler à l'examen, mais tant pis. Je suis plein de ressources.

 Proserpine se recula pour se rasseoir correctement et Mike la lâcha. Elle prit ses jambes dans ses bras et posa sa tête sur ses genoux.

 – Je me suis disputée avec lui, dit-elle simplement.
 – À cause de moi ?
 – Pas du tout. Désolée.

 Mike rit à la mention qu'il pourrait se vexer de ne pas être le centre de leur dispute.
 Proserpine l'observa du coin de l'œil pendant un instant, réfléchissant à ce qu'elle pourrait dire ensuite. Mike lui laissa le temps, sans la brusquer avec des questions ou des interrogations. Alors, presque naturellement, Proserpine lui raconta tout. Tout, depuis le début.
 Et Mike prit toute la nuit pour l'écouter.


♦♦♦


Chapitre 10 ←

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire